Chronique: La viande des chiens, le sang des loups de Misha Halden

CVT_La-Viande-des-Chiens-le-Sang-des-Loups_3744 Coups de poing, coups de patte, coups de massue dans ta vie bien rangée.

Titre : La viande des chiens, le sang des loups
Auteur : Misha Halden (pseudo de Justine Niogret)
Couverture : Néant
Éditeur : Fleuve noir
Lien: La viande des chiens, le sang des loups
Pages: 224 p.
Format: Grand format
Dépôt légal : novembre 2016
ISBN : 9782265114463
Prix: 18.50 €
Le ton est donné dans ce livre. Crade, sale, grossier, génial.

  • Qu’est-ce que c’est ce livre ?

Ce livre, c’est la rencontre de Lupa, femme enfant sauvage et Rory, une loque, un looser qui c’est retiré de cette société qu’il ne peut plus supporter. Mais au lieu de vous raconter l’histoire je vais plutôt citer un passage où Rory explique ce que doit être un bon livre, un bon auteur et un bon lecteur. Vous comprendrez alors mieux ce qu’est ce livre :« un bon auteur ça baise son lecteur et un bon lecteur ça doit rester passif pendant l’acte. Il faut avoir envie de te faire niquer, pour bien lire. Faire confiance à l’auteur pour savoir te toucher là où il faut et surtout toi, fermer ta gueule. Tu prends ou tu prends pas, point. »
Mon impression personnelle lors de ma lecture, c’est d’avoir été sur un ring de boxe où chaque phrases est un coup de poing bien placé.

  • Une écriture viscérale

C’est vraiment le point fort de ce livre. Ce livre est vivant. Ce livre veut te rendre vivant. Et pour ce faire, Misha Halden choisit la brutalité. La viande des chiens et le sang des loups, c’est sin city à la campagne, un univers noir, dur et cruel. Un univers sans concession où chaque mot est à sa place. Pas un mot en trop. Chaque phrase est une attaque :

« Et elle s’est marrée. Le son de son rire, c’était un oiseau de paradis qui c’est envolé vers mon plafond. Elle avait un rire comme ça, chaud qui explose, plein de joie. Et des petites dents toutes blanches. J’ai eu envie de les lui péter à coups de poing. » ou encore « j’ai avalé l’insulte comme on avale dans les films de cul les plus dégueulasses. ». Tout est ce cet acabit. Ce livre vous secoue par son histoire, son mal-être, sa révolte.

  • Faut se bouger si tu veux changer

L’histoire, son message, m’a vraiment fait penser aux livres de Damasio. Une révolte sur la société qui nous entoure. « Je prouve mon existence dans la laisse que les autres m’entoure autour du coup ». C’est la vie de Rory, qui a préféré ne rien faire quand il s’est rendu compte que sa vie de parisien lambda n’était que du vent et que la société qui l’entoure encourage ce vide. Il préfère fuir et attendre trop lâche pour agir, trop lâche pour se suicider. Là ou Damasio à une écriture poétique et chirurgical, dépeçant la société à coups de scalpel, pour en montrer ses travers, ses ressorts , pour lever le voile, Misha Halden la défonce à coups de poings, à coups de tête. Elle déchiquette le voile à coups de dents, de massue et de cris.

Mon avis

Ce livre m’a retourné. C’était une expérience vivante et intensive, ce qui n’est pas toujours le cas avec les bons livres. Cela faisait longtemps que je ne me suis pas dit en lisant : je ne veux pas que cela se termine. L’histoire et les messages sont très intéressants, mais c’est vraiment la manière dont Misha Halden porte le message qui m’a touché. Je peux bien l’avouer, comme l’aurai dit Rory, elle m’a bien niquée. Ce livre m’a pris aux tripes, m’a jeté par terre, m’a piétiné. Et j’ai aimé ça.

19/20

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